Face à la détresse de nos agriculteurs, il est plus que temps d’enclencher les bonnes réformes structurelles à moyen et long terme et dans le même temps agir à court terme pour permettre à nos agriculteurs de maintenir leurs exploitations. Il est temps d’agir concrètement pour sauver notre modèle agricole tout en le faisant évoluer pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.
Notre agriculture est extrêmement performante en qualité, en quantité et en diversité. Elle est toutefois depuis un bon moment déjà en convalescence, menacée par le MERCOSUR, le CETA et surtout les normes déloyales qui lui sont imposées.
La PAC est le premier budget de dépense de l’Union européenne, il comporte un dispositif complexe d’aides, de subsides, de mesures compensatoires, mais aussi de règles, de contrôles, de contraintes. Toutefois, l’agriculture est régie aujourd’hui comme un marché concurrentiel ordinaire.
Notre idée est de considérer que la production agricole n’est pas une activité économique comme les autres mais est, au même titre que l’énergie, une activité stratégique et que dès lors une régulation du secteur par l’Etat (au sens large) doit être mise en place.
Si l’on transpose cet exemple à la situation dans laquelle se trouvent nos agriculteurs concernant leurs productions de lait, de céréales ou de viande, par exemple, l’idée est de fixer en concertation un prix de revient minimal. Si le prix du marché est inférieur à ce prix de référence, la Région (ou plus largement) financerait la différence par un subside.
Dès lors que des quotas et des aides proportionnelles (en fonction des quotas réalisés ou non réalisés) sont mis en place au niveau européen (ce qui prévalait avant la réforme de la PAC de 1992), nous retrouverons alors la maîtrise de la production et des prix. La régulation de la production induite permettra d’amener le prix de marché à un niveau acceptable, garantie d’une production soutenable et de la sérénité de nos agriculteurs.
Nous réclamons donc un régime particulier et automatique d’équilibrage des prix pour garantir une rémunération juste pour l’agriculteur. Ensuite, nous demandons une égalité de traitement au niveau des contraintes de qualité. Il est primordial que les produits qui viennent de l’autre bout du monde, et qui rentrent en concurrence avec les nôtres, soient soumis aux mêmes normes de production que l’on nous impose.
En clair, un même cahier des charges afin d’éviter tout dumping.
Il est aussi pertinent d’axer la réflexion sur le développement de pôles logistiques locaux et le développement de hub logistiques coopératifs tels que la ceinture alimentaire liégeoise ou de Charleroi-Métropole ou encore des initiatives telles que Paysans-Artisans. Il y a lieu aussi de sensibiliser davantage les consommateurs via des “Maison de l’Alimentation durable” comme en province de Liège, de Hainaut et bientôt de Namur.
Plusieurs types de productions sont aussi victimes de surproduction structurelle. Pour pallier cela, des filières alternatives peu gourmandes en ressources, telles celle du chanvre, ont été mises en œuvre pour reconvertir une partie des surfaces concernées. L’échec de cette filière, dû à un manque de suivi de la Région notamment au niveau des outils de transformation, doit être un signal fort sur le manque de moyens octroyés à des solutions innovantes.
Nous réclamons donc que des moyens soient alloués pour promouvoir de nouvelles filières et renforcer le secteur par plus de diversité des productions.
Amaury Alexandre – Député provincial en charge de l’agriculture à la province de Namur
Julien Lemoine – Chef de groupe au conseil communal de Namur
Mikhaël Jaquemain – Echevin en charge de l’agriculture à Fleurus
Benoit Cassart – Eleveur à Havelange